Des vœux de mariage qui sonnent juste

Dans le processus d’écriture d’une cérémonie de mariage, arrive toujours le moment crucial de demander aux futurs mariés si ils souhaitent prononcer quelques mots le Jour J. Dans la plupart des cérémonies religieuses on se contente d’un « Oui » en réponse à une ou plusieurs questions précises, les conditions du mariage étant déterminées pas Dieu lui-même qui en a posé les règles. En dehors du cadre religieux traditionnel, les façons de faire sont aussi variées que le sont les couples eux-mêmes. Il serait étrange de poser une question comme celle-ci par exemple : 
« [Untel·le] acceptez-vous de prendre pour légitime époux·se [Untel·le] et de promettre que… » En effet, dans ce type de cérémonies il n’y a pas de contrat ou de règles pré-existantes à l’union.

Lorsque je demande à mes futurs mariés si ils souhaitent s’exprimer à haute voix, il faut bien avouer que c’est une « fausse question », l’idée est plutôt de les encourager à dire effectivement quelque chose et les aider si besoin !

Plus les années passent et plus je me rends compte que la position de Célébrante est idéale pour aider l’expression des sentiments dans le couple et aussi au sein du cercle des proches, ceci grâce à la confiance mutuelle qui s’installe au gré des échanges. Une cérémonie qui n’est ni religieuse ni vraiment laïque est vécue comme une originalité par la plupart des couples, c’est donc une prise de risque. La relation humaine est presque toujours la clé qui emporte la décision de se lancer, ou pas.

L’étape de l’écriture des vœux intervient alors que la relation avec le ou la Célébrant·e est déjà nouée. Nous ne sommes pas des intimes du couple, nous n’avons pas d’implication émotionnelle directe et ça c’est idéal ! Cette position, à la fois proche et extérieure, couplée à une certaine expérience, me permet de percevoir clairement et rapidement ce qui unit les personnes sans risque de se perdre dans des détails. Il est alors facile de les guider.

J’aime personnellement penser mon rôle comme celui d’une « Complice » loyale au service du couple avant tout et parfois, en fonction des besoins, au service plus individuellement de l’un ou de l’autre ou des proches qui voudraient s’impliquer dans la cérémonie. Ma mission est de créer le Jour J une « bulle » dans laquelle l’expression sera fluide et dans laquelle certains sentiments pourront se révèler. Une bulle où le couple pourra goûter au délice des surprises bien maitrisées.

Certains futurs mariés sont très demandeurs d’exemples de voeux, d’autres pas du tout. Certaines veulent parler ensemble, d’autres veulent échanger une promesse identique. Certaines veulent à tout prix faire des vers (sans forcément être très à l’aise avec l’exercice), certaines écrivent quelques mots, d’autres des romans. Certains garçons disent ne pas savoir écrire et finissent par livrer la veille à minuit de la vraie poésie. D’autres assurent avoir de grands talents d’écriture et s’enlisent un peu… Certains ont l’impression de dire clairement une chose et en réalité, de l’extérieur, on perçoit tout le contraire. Un regard extérieur n’est jamais inutile.

Bref, l’exercice n’est pas toujours facile mais il mérite que l’on s’y penche, comme une « parenthèse méditative » qui permet aussi d’échapper un instant aux chèques d’acompte, aux choix de couleurs de robes, de rubans, de fleurs, de dragées etc. Car avant tout ça, un mariage, c’est l’union durable de deux personnes.

Quelques conseils pour écrire votre promesse ou vos vœux de mariage

Ces conseils ne sont pas un dogme, ils sont issus de mon expérience personnelle de plus de 10 années en tant que Célébrante.

SUR LA FORME :

  • Ne jamais confondre langage écrit et langage parlé. L’aisance de certains à l’écrit peut parfois être un handicap quand ils doivent s’exprimer à l’oral. Lire à voix haute son texte est indispensable, si possible en essayant de se projeter dans la situation réelle (émotion, public, perturbations éventuelles comme le bruit, le vent, le soleil…).
  • Toujours privilégier des phrases courtes et des mots simples. Si un invité ne comprend pas une phrase son premier réflexe sera de se pencher sur l’épaule de son voisin en lui demandant « Qu’est-ce qu’il a dit ? » générant ainsi un brouhaha qui peut finira pas casser l’ambiance de la cérémonie (un peu comme dans une salle de classe…).
    Faire court. La longueur idéale peut être basée sur la longueur des paroles d’une chanson par exemple.
  • Ne pas s’acharner à vouloir écrire en vers. Si ça ne vient pas très naturellement, laissez tomber !

SUR LE FOND :

  • Eviter de raconter sa vie en détail et de façon chronologique. Vos très proches connaissent déjà bien votre vie et ceux qui vous connaissent moins ne seront pas intéressés à ce point. Ce qui charmera vos invités à ce moment-là, c’est de comprendre ce qui vous relie si profondément à votre futur·e conjoint·e, ce qui fait que vous êtes « ce couple » et pas un autre. Il n’est pas utile de narrer les péripéties de votre histoire par le menu.
  • Toujours parler en son propre nom. Par exemple, si vous évoquez votre enfance, il vaut mieux éviter de dire : « Ma frère et moi nous aimions que … » C’est un terrain glissant qui peut créer des tensions. Il est possible de vivre le même quotidien sans avoir ressenti de la même façon. Laissez aussi votre fiancé.e s’exprimer en son propre nom, évitez de mettre les mots dans sa bouche. En lui laissant le champ libre vous créerez l’espace pour une bonne surprise.
  • Ne pas évoquer pas vos ex. Même si c’est pour dire à quel point c’est mieux maintenant, ceci surtout si les enfants de cette précédente union sont présents.
  • Ne pas surcharger en anecdotes. Sauf si vous êtes un conteur ou un comique hors pair. Jouez sur l’humour sans excès et évitez les « private jokes » sous peine de perdre votre public.
  • Trop de citations tue la citation ! Ne reprenez des citations célèbres que si celles-ci sont parfaitement adaptées à votre couple et parlantes pour vos invités. Si vous reprenez au sein d’un texte plus long, une citation sans la modifier aucunement, alors citez clairement l’auteur pour éviter qu’une différence de style ne surprenne.
  • Du concret et du personnel plutôt que des grandes phrases. Exemple : « Je promets de respecter les valeurs qui nous sont chères. » C’est super mais quelles sont ces valeurs ? Ce qui vous parait évident et donc inutile à dire, ne l’est pas forcément. Chaque couple est différent, il se construit dans son propre système.

  • Et puis…
  • Ne pas hésiter à appeler l’autre par son prénom. Dans ce genre de circonstances il peut se révéler très émouvant d’entendre son prénom prononcé par son amoureux·se, cela donne un sentiment de réalité qui aide à profiter d’un moment qui passe souvent trop vite.
  • Oser dire simplement : « Je t’aime ».

AURÉLIE, célébrante pour OR & LIENS

Illustration originale, Carlos.que.si on Instagram